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Les accords
historiques

         Comme son héros mythique, « Highlander » a un flair international particulier.

par Rick SHERWOOD

         « Il ne peut en rester qu'un », c'est le serment sanguinaire qu'entonnent les guerriers immortels de « Highlander ». Et la série elle-même a gagné une distinction similaire, pas seulement comme la première coproduction européenne hebdomadaire a être vendue aux Etats-Unis mais en étant une véritable opération de coproduction (pas seulement co-financière). L'histoire de « Highlander » en coulisses fut une étude de cas dans la complexité d'une production et d'une distribution internationale, les quotas et les risques pris par une série de sociétés relativement jeunes.

         L'incarnation TV de « Highlander » débuta rapidement après la production du second film « Highlander », en 1991, « Highlander II : The Quickening ». Bien que le premier film n'ait pas très bien marché aux Etats-Unis et fut démoli par la critique, il fut un gros succès sur les autres marchés (en particulier en Europe). Grâce à la popularité générée par le second film, l'idée vint qu'il y avait un marché potentiel pour une série TV. Mais ni Peter DAVIS, ni William PANZER, les producteurs des films et propriétaires des droits, avaient de l'expérience dans la production pour la télévision.

         Ils avaient besoin d'un partenaire.

         L'acteur français Christophe LAMBERT, la vedette des deux films, arrangea un rendez-vous entre messieurs DAVIS et PANZER et son ami Christian CHARRET, président de Gaumont Télévision, sur un bateau lors du festival du film de Canne. Gaumont Télévision venait d'être formée en octobre 1991 et avait coproduit deux séries en langue anglaise (« Counterstrike » en conjugaison avec Robert LANTOS et Alliance ; et « Fly by Night » pour CBS' « Crime Time ») et avait gagné une réputation aux Etats-Unis comme un partenaire de valeur. M. CHARRET et la nouvelle exécutive de Gaumont, Marla GINSBURG furent frappés par les possibilités d'une série « Highlander » pour le marché international et ne furent pas effrayés de travailler avec deux néophytes de la télévision qui apporteraient une sensibilité cinématographique à la série.

         « A cette époque, l'idée qu'une société française participe à une série qui pourrait plaire à l'audience américaine semblait complètement folle », dit Marla GINSBURG, productrice exécutive de la série. « Mais Gaumont a une tradition dans la réalisation de films qui ont du succès à l'étranger et nous étions capables d'adapter l'art européen au marché américain ».

         Bien que le second film « Highlander » ait introduit de nouveaux éléments (incluant l'idée que les immortels étaient en fait des extraterrestres venus d'une autre planète) la décision fut prise de baser la série plus sur le premier film et d'utiliser les thèmes gothiques et les transitions stylisées du temps présent aux flash-backs. La série serait capable d'utiliser la musique du groupe de rock britannique Queen, incluant la chanson « Princes of the Universe » pour le générique.

         « Notre objectif était que la série reflète l'aspect et le style du film « Highlander » », dit Peter DAVIS. « Nous étions tous conscient des limitations du budget et nous avons essayé de choisir les personnes qui pourraient les comprendre également. Nous avons essayé de les éduquer pour leur faire comprendre que nous n'essayons pas de faire une simple série TV et ils le comprirent ».

         Gaumont et Davis/Panzer Prods. Préparèrent une maquette pour la convention de 1992 de la National Association of télévision Prorgamming Executives où le concept généra beaucoup d'intérêt de la part de partenaires potentiels.

         « Nous avons reçu des offres de nombreuses sociétés américaines et nous nous sommes décidés finalement pour Rysher Entertainment », dit Christian CHARRET. « C'est clair à présent que c'était le bon choix. Même si Rysher était une nouvelle société à cette époque, un bon courant passait entre eux et nous ».

         « J'ai adoré le concept de la série. Nous cherchions un projet d'action et ce fut l'un des titres qui retenu le plus l'attention », rappel Keith SAMPLES, président de Rysher Entertainment. « Lorsque nous avons fait nos recherches initiales, la chose intéressante était que même si le film n'avait pas été une réussite commerciale, il était cependant très connu. Beaucoup de monde pensait l'avoir vu même si cela n'était pas le cas ».

         Avec Rysher à bord pour manier les territoires des ventes importants, Gaumont lança son filet pour plus de partenaires dans la production, un projet qui résulterait de la plus unique co-aventure internationale de la télévision. Comme pour Gaumont et Rysher, les nouveaux partenaires furent stupéfaits par le potentiel de la série.

         « Nous avions de bonnes relations avec TF1, qui avait été notre coproducteur pour « Counterstrike » et « Fly by Night » et ils avaient accepté de signer rapidement ». Rappel Christian CHARRET. « Nous avons signé également un accord avec RTL qui cherchait à rafraîchir leur programmation plutôt traditionnelle et RETEITALIA, qui était particulièrement intéressé dans la programmation internationale ».

         Le patchwork d'investisseurs internationaux assemblés par Christian CHARRET étaient sensibles aux complexités du marché de la télévision internationale. La série eue à équilibrer les équipes européennes et assurer un quota de contenu européen. Pour satisfaire à ces exigences, la série sera tournée pendant une demi-saison à Vancouver, Colombie britannique, et une demi-saison à Paris. Un tel changement discordant dans la toile de fond doit être pris en compte dans les intrigues, donc le personnage principal de la série, Duncan MacLeod, est fait pour partager son temps entre son modeste studio situé au-dessus d'une école de combat dans une ville d'Amérique du nord anonyme et une péniche chichement décorée sur la Seine à Paris.

         Christian CHARRET n'a pas ménagé ses efforts afin de travailler dans les limites qui lui étaient imposées.

         « Dans un accord Franco-canadien, des segments tournés au Canada sont considérés comme des segments européens et des segments tournés en Europe, comme des segments canadiens », dit Christian CHARRET. « Ainsi rien ne se perd. Et je pense que la série profite de façon créative du tournage dans les deux endroits même si cela pose des problèmes occasionnellement. Cela permet aux scénaristes de respirer et de laisser libre court à leur imagination. Il y a une stricte discipline que nous nous imposons. C'est certainement plus cher, mais en même temps c'est un moyen supplémentaire pour trouver plus de financement ».

         Avoir la série, signifie également trouver le bon acteur principal.

         « Nous étions très attentifs dans le choix d'un acteur pour le rôle de Duncan MacLeod », rappel Christian CHARRET. « Nous savions que le mieux n'était pas de trouver quelqu'un qui ressemble à Christophe LAMBERT. Nous avons décidé d'un nouveau style. Tout le monde trouva que les qualités physiques d'Adrian (PAUL) étaient attirantes sans parler de ses compétences dans les arts martiaux, lesquelles, je pense, donne beaucoup de crédibilité au rôle ».

         Le tournage de la première saison de « Highlander » débuta en juin 1992, juste un an après la rencontre initiale. Christophe LAMBERT apparu dans le premier épisode de la série pour passer le flambeau au nouvel immortel. Les acteurs et l'équipe de tournage ont commencé à apprendre les ficelles d'une production entre deux continents, soit le Canada et la France.

         La première année fut difficile derrière la caméra ainsi que derrière les portes des producteurs exécutifs des partenaires de la série. Bien que Vancouver joue à présent les hôtes pour de nombreuses séries TV incluant « The X-Files » et « Millenium », Christian CHARRET note qu'à cette époque la ville n'était pas encore accoutumée pour faire ce type de série. Ce fut qu'à partir du septième épisode de la série, d'après Christian CHARRET, que la production commença à trouver son rythme de croisière. La série a trouvé rapidement sa propre indépendance par rapport aux films dans une large mesure en raison de l'arrivée du scénariste en chef David ABRAMOWITZ, que Christian CHARRET considère comme le « second père de « Highlander » ».

         Entre-temps, des notes circulaient parmi tous les principaux financiers sur la façon de faire une série qui pourrait correspondre à leurs audiences régionales (rien de nouveau pour Peter DAVIS et William PANZER, vétérans de la chose).

         « Avoir cinq partenaires peut rendre la vie un petit peu compliqué », dit Christian CHARRET, « mais nous étions chanceux d'avoir un concept clair basé sur les films et ce n'était pas si difficile de mettre tout le monde d'accord sur la bible, les personnages et l'intrigue ». La série trouva rapidement son niveau parmi les différents projets et les problèmes procéduriers d'une coproduction furent aplanis.

         « Les Européens voulaient faire une coproduction panaméricaine (il n'y avait jamais eu de séries européennes diffusées à une heure de grande écoute à la télévision américaine), mais il y avait un manque de confiance », dit Marla GINGSBURG. « A de nombreuses reprises, les Européens firent affaire avec les Américains, mais ils sentaient qu'ils n'obtenaient pas toute leur confiance. Cette fois-ci, ce fut le cas ».

         Bien que le partenaire TF1 était capable de qualifier la série comme française même si elle était tournée en anglais au cours de la première saison, durant la seconde saison cette échappatoire fut retirée et la série « française » fut tournée en français.

         Nous nous sommes tournés vers M6 une petite chaîne à l'époque dont le règlement était différent du notre. « Rien n'est jamais simple en France » déclare Christian CHARRET. « M6 a le droit de produire des programmes européens non français. Ils étaient doublement intéressés, car « Highlander » ne rentrait pas uniquement dans leur quota mais correspondait parfaitement à leur démographie (un marché jeune plutôt orienté action) ».

         M6 n'avait pas encore les poches aussi pleines que TF1, alors Christian CHARRET chercha de nouveau d'autres partenaires, et tomba sur la compagnie canadienne Filmline finalement.

         « Je crois que réaliser une production est une nécessité aujourd'hui et nous avons développé les moyens en ce qui concerne l'intégrité d'un projet pour le faire en sorte qu'il marche » dit Nicolas CLARMONT, président de Filmline International. « Par le passé, lorsque vous aviez besoin de faire une coproduction entre plusieurs pays, vous aviez besoin de mélanger et d'égaliser plusieurs contenus créatifs pour convenir à chaque pays. Aujourd'hui nous savons que la série se doit d'être aussi bonne qu'elle le promet. Vous devez simplement vous entourer des bonnes personnes. C'est une sorte de gage de qualité. Et avec « Highlander » nous avons réussi ».

         En plus pour la seconde saison, Rysher, qui a vendu la série au marché U.S., décida d'augmenter sa participation dans la syndication internationale (moins les marchés couverts par Gaumont, M6 et RETEITALIA).

         « Parce qu'elle débuta aux Etats-Unis avant les autres pays, lorsque nous sommes arrivés au début du printemps de la première saison nous devions décider si nous allions aller de l'avant avec la seconde saison, nous charger de la production de la seconde saison pour la revendre en syndication. Nous avions à prendre cette décision » déclare Keith SAMPLES de Rysher. « Bon nombre de partenaires n'avaient même pas encore diffusés la série, aussi n'étaient-il pas en position de dire oui ou non. Nous avons décidé de franchir le pas et d'aller de l'avant. Nous nous sommes dit que nous voulions donner sa chance à la série car nous l'aimons et que nous fonctionnions bien ».

         La série est distribuée dans 180 marchés avec plus de 90% pénétration.

         « La série a bâti ses audiences à des degrés variés à chaque saison, et cette année est la meilleure année démographique », dit Ira BERNSTIEN qui chapeaute les efforts pour la syndication domestique pour Rysher Intertainment. « Nous sommes en tête de toutes les séries d'actions pour adultes et c'est là où se trouve l'argent et nous sommes parmi les six ou sept premières séries à caractère familial. Nous sommes pratiquement à égalité entre les hommes et les femmes ce qui est quelque chose d'unique pour une série d'action ».

         Entrant dans sa cinquième saison, l'audience a grimpé jusqu'à 9% auprès des femmes de 18 à 49 ans et 25 à 54 ans en une année (plaçant la série respectivement à la sixième et à la septième place des séries d'actions syndiquées) et la série a augmenté de 10% auprès des hommes de 18 à 49 ans, où la série est placée au cinquième rang. En général, 90% de l'audience de la série a chutée dans la tranche d'âge 18 à 49 ans et les chiffres nationaux sont forts même lorsque la visibilité n'est pas. C'est un marché dur, reconnaît Ira BERNSTEIN et « Highlander » n'est pas toujours diffusée à un horaire optimal pour une série de ce genre.

         « C'est une série qui marche bien à travers le pays sans importance pour l'heure de diffusion », insiste-t-il. « A New York, par exemple, où nous sommes diffusés à 1 heure du matin sur Channel 5, elle s'arrange pour se maintenir parmi les trois premiers taux d'écoute. Voudrais-je avoir un meilleur horaire de diffusion ? Bien sûr, mais ce n'est pas une série que vous pouvez placer à 11 heures du matin ou à 2 heures de l'après-midi et compte tenu de ces limitations, elle fonctionne très bien » (à L. A., « Highlander » est diffusée à minuit et demi sur KCBS - « le secret le mieux garder à la télévision » comme l'a dit le producteur exécutif William PANZER).

         Rysher Entertainment a marqué un autre succès pour la série en vendant les droits de rediffusion en syndication au réseau câblé USA en 1994. A présent au moment de la seconde saison sur les chaînes câblées, il est réjouissant de constater qu'elle sera diffusée à 19 heures, fournissant une visibilité absente dans d'autres endroits, une visibilité qui contrairement aux idées reçues a augmenté le taux d'écoute de la première diffusion de la série.

         « Nous pensons que « Highlander » correspond parfaitement à notre formation et nous sommes particulièrement ravis par cette série », dit Neil HOFFMAN, V. P. de la programmation pour le réseau USA. « Le programme attire une grande quantité de monde et réalise de forts taux d'audience à 19 heures, faisant de cet horaire quelque chose de très significatif pour nous. Les gens savent qu'elle est programmée tous les jours à une heure précise et cela a aidé à développer une fidélité qui nous a permis de conserver une bonne position à travers le pays ».

         Mais c'est avec le marché mondial que « Highlander » affiche sa force unique et récolte les fruits de son partenariat unique. La série est syndiquée dans quelque 70 pays avec dans la majorité des cas, des stations signant rapidement sa diffusion et continuant d'acheter les saisons suivantes. La série (qui est en permanence parmi les 10 premières séries importées des U.S. dans des pays aussi divers que l'Espagne, le Mexique, l'Italie et la Turquie) obtient une bonne écoute dans la majorité des marchés, en témoignage, elle a été achetée par des chaînes payantes dans plusieurs pays. Dans tous les pays, la série est proposée à un prix d'appel respectable.

         « Si une série est sur ABC, NBC ou bien CBS, c'est plus un appel aux diffuseurs d'outre atlantique qu'une série en syndication car ils savent qu'il y a une force derrière elle », dit Meggan KIMBERLY, V. P. senior de la syndication internationale chez Rysher, « mais c'est certainement équivalent avec d'autres séries de ce type ».

         Le succès de « Highlander » n'est pas seulement un témoignage d'une qualité de travail mais une leçon dans l'évolution dynamique du marché de la télévision internationale. M. CLERMONT de Filmline pense que l'expansion de la télévision et des autres médias a changé l'ordre mondial ainsi que la production télévisuelle et de nouveaux impératifs que « Highlander » a su bien exploiter.

         « Ici, c'est une coproduction de la France et du Canada qui est tournée en anglais », dit-il. « Pourquoi ? Parce que nous voulons qu'elle atteigne le marché mondial, et le seul chemin pour y arriver est de tourner en anglais. Les coûts de production sont en hausse, et les revenus ne suivent pas nécessairement la même croissance. Aussi il est rare aujourd'hui qu'un producteur puisse rentrer dans ses frais en diffusant la série simplement sur son territoire, autrement dit, la coproduction et la co-aventure sont le futur et vous devez faire appel pour ça au marché mondial ».

         Et avec son héros immortel globe-trotter, « Highlander » a simplement réalisé ça en 100 épisodes et peut se permettre d'avoir même plus de succès.


Introduction
Les voyages fantastiques
Les accords historiques
De grandes choses avec peu de moyens
Le maitre d'arme
Jeux de mots
Par la pointe de l'épée
Peter Davis et William Panzer

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